Migration _Voix de Femmes

Elles s’appellent Anna, Maguy, Laura, Yllka, Zamila, Maryam, Helena, Sayanthini, Zaira, Yllka.
Elles viennent de quatre continents. Elles ont quitté leur pays, leur famille, leurs amis pour fuir la pauvreté, les persécutions, la guerre, la violence.
Elles sont nées à Prague, Ferrandina, Caracas, Kaboul, Bujumbura, Urumqi, Pristina, Jaffna…
Elles ont trouvé en Suisse un accueil parfois méfiant, souvent bienveillant. Elles ont appris le français, déchiffré les codes sociaux des Helvètes. Elles ont souvent peiné à trouver un travail à la hauteur de leur formation. Malgré les embûches elles ont trouvé en Suisse un espace de sécurité où vivre leur vie de femmes, en liberté.

L’exposition Migration_Voix de femmes se déploie sur des panneaux de grand format et présente ces héroïnes grâce aux magnifiques portraits photographiques de Sarah Carp, lauréate du Swiss Press Award 2021.

L’auteure, Nicole von Kaenel, leur a donné la parole, les a écoutées. Longuement, avec respect et empathie. Les textes sont amples, puissants, on a le sentiment de les connaître ces femmes qui nous racontent leurs joies, leur détresse aussi : « Dehors je vois des gens, où vont-ils? J'ai peur, je reste enfermée toute la journée, j'attends mon mari, je ne fais que ça! » raconte Sayanthini.

Jean-François Tiercy et Jean-Philippe Jutzi, avec le soutien du démographe Philippe Wanner, ont mis chaque témoignage en perspective en s’intéressant à la situation historique et économique du pays quitté, mais aussi aux conditions d’accueil en Suisse.

Le résultat: deux formats; une exposition et un livre mais aussi deux regards : celui intime, sensible, de ces femmes, de leurs rêves oubliés, de leurs luttes quotidiennes pour s’intégrer, et l’autre, plus analytique, celui que les démographes, les sociologues et les politologues portent sur les différents flux migratoires qui ont touché la Suisse depuis l’après-guerre.

Vernissage samedi 5 mars 

>> A 18h - Patio Forum Meyrin
>> Partie officielle & interventions de Madame Micheline Calmy-Rey, ancienne Présidente de la Confédération, Monsieur Eric Cornuz, maire de Meyrin, Madame Maryam Yunus Ebener, conseillère administrative à Onex, Jean-Philippe Jutzi, Président de l'association Belles Pages, Nicole von Kaenel et Sarah Carp.
>> Visite théâtralisée par le metteur en scène et comédien Fred Mudry.
>> Echanges avec quelques-unes des femmes qui témoignent
>> Vente & dédicaces du livre Migration_Voix de femmes

>> Entrée libre

Le livre

> Récits de Nicole von Kaenel & Photographies de Sarah Carp

> Contextualisations de Jean-Philippe Jutzi, Jean-François Tiercy et Thomas von Kaenel, avec le soutien du Prof. Philippe Wanner, UNI-GE

> Préface de Madame Micheline Calmy-Rey, Conseillère fédérale, cheffe du DFAE de 2003 à 2011, Présidente de la Confédération en 2007 et 2011

> En vente à la Bibliothèque de Meyrin jusqu’au 27.03 ou sur commande ici -  En librairie dès le 2 mars 2022

> Prix: CHF 39.-

Citations....

« Quel cauchemar ! Je reste enfermée tout le jour. Je suis en cage. Je n’ose pas sortir. Par la fenêtre, il y a des gens : où vont-ils ? J’ai peur. J’attends mon mari. Je ne fais que ça ».
Sayanthini, 47 ans, née à Navaly ( Sri Lanka), vit à La Chaux-de-Fonds

«Papa, si j’épouse cet homme, je pars vivre en Suisse ? C’est où la Suisse ? » « C’est après Domodossola, tout au nord de l’Italie ! » Anna sourit : « Alors oui, ça me plaît.»
Anna, 85 ans, née à Ferrandina, vit à Lutry

“A quoi ça te servira d’étudier, de toute façon tu finiras à l’usine…” Cette phrase de mon père a été un déclencheur, car je savais que je valais mieux que ça. »
Maguy, 60 ans, fille de Anna, née à Lausanne, vit à Epalinges

« J’aime dire que je suis italienne dans le sang et suisse dans la tête. Et dans le cœur je suis juste moi, parce que le cœur c’est universel ». 
Laura, 28 ans, née à Lausanne, petite fille d’Anna, vit à Epalinges

J’ai dû porter le voile, et ces couches d’habits sous lesquels on crève de chaud. Pour voir mon visage, des hommes me jetaient des amandes dans le dos. Ma mère en riait !
Maryam, 47 ans, née à Kabou, vit à Onexl

« J’aimerais ouvrir un restaurant à Kaboul uniquement pour les femmes. Mais je ne suis pas dupe, tant que les Talibans sont au pouvoir, ce n’est pas possible. »
Zamila, 57 ans, née à Kaboul, sœur de Maryam, vit à Genève

« J’étais en troisième année, les serbes ont jeté du gaz lacrymogène dans les classes. La maîtresse a crié : “ rentrez chez vous, ne vous faites pas tuer !”. Je ne l’ai jamais revue. »
Yllka, 33 ans, née à Pristina, vit à Ecublens

« Après avoir assassiné mon père, ils nous ont tout pris, le bétail, le camion, sa pièce d’identité. Un policier a clamé : “ Ils n’ont plus rien, la mère et les enfants ne survivront pas !” ».
Thérèse, 62 ans, née à Bujumbura, vit à Meyrin 

» Deux policiers ont traîné une étudiante par la peau du dos, qui s’est déchirée, Les cris de douleur et de détresse de cette jeune femme m’accompagneront ma vie entière. »
Zaira, 55 ans, née à Caracas, vit à Carouge

Je me souviens d’un panneau de propagande sur lequel il était écrit : “Avec l’Union soviétique, pour l’éternité.” Quelqu’un avait ajouté : “Mais pas une seconde de plus.” »
Helena, 75 ans, Tchèque, née à Prague, vit à Etoy